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Ce n’est pas en conclave d’experts que le « socle commun » doit être défini

Dernière mise à jour : 18 sept. 2021



La réponse à Politis, dans le courrier des lecteurs, de notre signataire Michel Cahen :


Cher Politis,


Dans le n°1651 du 29 avril, Politis accorde une page à l’initiative de « 2022 ou jamais » (p. 23). Je suis d’accord avec l’objectif de l’initiative – une candidature unique de gauche dès le 1er tour des présidentielles de 2022, sur la base d’un « socle commun ». Mais la manière dont cette initiative est portée ne va pas, à mon avis, dans le bon sens. En effet, un groupe (dirais-je un « groupe d’experts »?) se réunit discrètement pour commencer à écrire ce « socle commun »; puis invite les partis politiques de gauche à venir assister aux séances; puis veut organiser des primaires, une fois que le socle commun aura été finalisé. Et nous, les citoyen·ne·s ? Certes, nous pouvons adhérer au mouvement; certes, l’élaboration du programme est censé être « facilité par la société civile ». Mais qui est la « société civile » ? Quelles sont les associations concernées? Et pourquoi seulement les associations ? Et à la fin, il y aura des « primaires améliorées », à un seul tour, avec un programme en dix points expurgé à la demande d’Hidalgo (ne pas revenir sur la réforme des retraites et sur la loi Travail!). C’est seulement à la fin qu’un « mouvement citoyen, le sunrise Français [sic] mobilise derrière la personne sélectionnée ».


Cela ne créera pas du tout le rapport des forces nécessaire. Pire, la méthode va diviser et affaiblir : comment Jean-Luc Mélenchon pourrait-il se reconnaître dans une telle démarche alors que deux points centraux de son programme sont « interdits » ? Et interdits par qui, au nom de qui ? Pour que nous ayons une candidature unique de la gauche dès le 1er tour, il faut une pression citoyenne telle que les partis de gauche n’auront pas la possibilité de faire autrement.


Mais cela commence par le programme: évidemment, il n’y aura pas de candidature unique sans un programme conjoint d’urgence sociale, écologique et démocratique. Sur ce point je suis d’accord avec « 2022 ou jamais ». Sauf que la mobilisation citoyenne doit précisément commencer par l’élaboration du programme. Plus le processus sera ouvert et mobilisateur, et plus le programme sera de gauche: ce n’est pas en allant au devant du peuple que des positions (social-)libérales seront adoptées ou qu’une Hidalgo pourra interdire tel ou tel thème ! Ce n’est pas en conclave d’experts que le « socle commun » doit être défini, mais au cours de milliers de réunions dans tout le pays où les partis politiques et leurs membres seront toujours invités, aboutissant à des réunions départementales et régionales, puis à une conférence nationale adoptant le programme. Et sur la base de ce programme, ensuite, sera définie la candidature la plus à même de le porter pour battre la droite et l’extrême-droite. C’est une démarche d’états-généraux de la gauche, une sorte de processus constituant.


Personnellement, j’ai préféré signer les appels « 2022 (vraiment) en commun » et l’Appel « Unité et alternative 2022 ». Ce dernier propose précisément la méthode des états-généraux de toute la gauche. Le risque, avec la méthode d’expertise de « 2022 ou jamais », c’est de créer un groupe de plus, un peu comme le fut finalement « Place Publique » il y a cinq ans, sans créer le rapport de forces nécessaire pour contraindre – car c’est bien de cela qu’il s’agit – les partis de gauche à l’unité.


Michel Cahen (Bordeaux)

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