Comment contrer les logiques libérales dans la santé ?
Retour sur la réunion du 21 octobre 2021 à Toulouse

Nous étions une quarantaine à participer à la rencontre à l’initiative des appels pour l’unité pour 2022 et qui avait pour thème : Comment contrer les logiques libérales dans la santé ?
La réunion a été fort intéressante.
Bien que nous ayons regretté l’absence de certains partis invités, l’assistance était diversifiée, avec des représentant·es ou militant·es de Génération.s, EELV, Archipel Citoyen, GDS, GRS, Place publique, Nouvelle Donne, Ensemble !, des représentants de l’UD CGT que nous remercions, des militants syndicalistes (SUD, FO..) et des citoyen·nes motivé·es, des professionnels de la santé, des usagers...
Le travail en atelier a permis l’expression de tous et la compilation de très nombreux points de vue convergents sur la gravité de la situation actuelle et sur le fait d’une profonde dégradation, voir destruction de notre système de santé.
Les attentes et les propositions de ce que devrait faire un gouvernement de gauche et écologiste ont également montré la grande convergence des propositions. Un seul point a apporté des avis plutôt divergents sur la place des impôts dans le financement de la sécu.
Jean-Luc Gouzi, Brigitte Pilar et Françoise nous ont apporté leur regard de professionnels engagés sur le problématique de l’hôpital, sur les articulations médecine publique et médecine libérale, ainsi que sur la formation.
Vous trouverez ici l’article de Jean-Luc Gouzi dans mediapart qu’il a développé dans son intervention.
Comme l’a souligné Nadine en conclusion :
« L’un des objectifs de notre groupe local des appels à l’unité (2022 vraiment en commun UNALT, primaire populaire est de permettre à des citoyens, à des personnes appartenant à des formations politiques, syndicales ou à des associations diverses de confronter leurs idées et leurs analyses sur des sujets politiques globaux et essentiels pour nos vies de façon à aboutir à des positions et des propositions communes.
La rencontre de ce soir sur le thème de la SANTÉ, sujet très important pour nous tous est un succès de ce point de vue.
Les comptes rendus des divers groupes qui ont travaillé ce soir autour de cette question montrent une concordance très forte sur les problèmes posés par l’organisation actuelle du système de santé et de son fonctionnement mais, concordance aussi, sur les solutions proposées pour traiter ces problèmes et améliorer le fonctionnement pour le bien-être de tous.
La voie choisie semble donc la bonne et nous devons continuer ce travail sur de nouveaux sujets et sans doute le diffuser. »
Compte rendu des ateliers
CONSTATS CONVERGENTS
Une soumission de plus en plus grande de la santé et des soins à la logique de marché. Constat que l’on peut élargir à l’ensemble des services publics.
Cette logique amène à déshumaniser le soin :
Logique managériale des personnels : surcharge de travail, manque de personnel, morcellement du travail.
Mais aussi faire rentrer les soins (les malades) dans des grilles, perdre le sens global du soin en un morcellement de gestes de + en + techniques (technicisation de la médecine).
Logique austéritaire dans les hôpitaux : logique de regroupements pour économies d’échelles, abandon des hôpitaux de proximité, technocrates à la direction.
La logique d’actionnariat fortement ressentie dans les cliniques privées, mais aussi dans les EHPAD : même pendant la crise sanitaire les EHPAD ont distribué des dividendes.
Les profits énormes de l’industrie pharmaceutiques sont inacceptables : Socialisation des pertes, privatisation des profits.
Une volonté de démolir et de remettre en cause les acquis de la SS :
L’État ne rembourse plus à la sécu les exonérations des charges.
Arrêt du paritarisme (diminue le pouvoir des corps intermédiaires).
L’État veut mettre la main sur le budget de la sécu.
Une utilisation de la pandémie qui a cherché à faire peur, amenant et installant des lois d’exception, et qui n’a par ailleurs que renforcer la logique à l’œuvre à l’hôpital : des primes et pas d’augmentation de salaire, fermeture de lits, regroupements d’hôpitaux...
On ne peut parler santé sans parler environnement.
Déserts médicaux. Et certaines activités dévastées : psychiatrie adulte et enfant, pédiatrie, gynéco obstétrique, dermato.
DES ATTENTES POUR UNE VÉRITABLE POLITIQUE DE GAUCHE
Le budget et la gestion de la SÉCU doivent redevenir indépendants de l’État.
Questions en débat : la place de la CSG ? l’abolir ?
Plan massif pour l'hôpital public (100 000 lits supprimés en 20 ans) : moyens pour ouvrir des lits et question de l'effectif du personnel (ex. : 50 000 infirmières qui travaillent dans les pays limitrophes).
Arrêt de la tarification à l’acte.
Levée des brevets.
Privilégier les soins de proximité et développer la prévention et éducation.
Lutte contre les déserts médicaux par la création de maisons pluridisciplinaires de santé tant dans le rural que l’urbain.
Combattre les pénuries de médecin : Abolition du numerus clausus ? Le numerus clausus a été officiellement supprimé en 2021 remplacé par des objectifs pluriannuels est-ce vraiment différent, et/mais la sélection pour entrer en deuxième année de santé reste tout aussi importante, car la capacité d’accueil des facs est limitée).
Mieux reconnaître les compétences des paramédicaux.
En transition réflexion sur la profession d'infirmière (de pratique avancée + 2 ans d'études aujourd'hui insuffisantes) avec revalorisation des salaires.
Reconnaissance du travail d'aide-soignante.
Combattre les divisions et mises en concurrence.
Nécessité de ruptures fortes
La privatisation du monde de la santé est allée tellement loin qu’il va falloir une volonté politique très forte pour mener les ruptures nécessaires.
Dans un groupe s’est exprimé le manque de confiance non pas sur la qualité des propositions programmatiques qui sont faites par les différent·es candidat·es, mais sur la capacité/volonté à les mettre en œuvre ... chat échaudé ....... (est revenu le fameux « mon ennemi, c'est la finance »).
Et si l’origine de cette méfiance est clairement établie comme résultant des politiques menées par le passé par des gouvernements « de gauche », un bilan est aussi tiré de la difficulté de mener des combats sociaux et syndicaux sous des gouvernements « de gauche ».